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Inflation : un record et ses conséquences

Selon Eurostat, l’Office Statistique des Communautés Européennes, le taux d’inflation annuel en zone euro se chiffre à 8,1 % pour le mois de mai 2022.

C’est beaucoup trop et en tout cas sensiblement au-dessus du taux d’inflation maximal que la Banque centrale européenne déclare considérer comme normal et acceptable, c’est-à-dire en dessous de 2 %.

Qu’en est-il du climat de la consommation ?

Il devient évident que la crainte croissante qui est suscitée par l’inflation se répercute sur les consommateurs qui revoient à la baisse les prévisions de leur pourvoir d’achat et deviennent plus réticents à acheter.

Quant aux marchés boursiers, les banquiers et les grands investisseurs craignent qu’une accélération de l’inflation va amener les Banques centrales, Réserve fédérale aux Etats-Unis et Banque centrale européenne, à augmenter davantage les taux d’intérêts.

La Réserve fédérale américaine vient de procéder à la plus forte hausse de ses taux d’intérêts en presque 30 ans et n’entend pas en rester là dans sa lutte contre l’inflation. Même si cela doit se faire au dépend de la croissance économique. Il est prévisible que son taux directeur s’établira à 3,4 % à la fin de l’année et à 3,8 % l’année prochaine. De son côté, la Banque centrale européenne a communiqué l’arrêt de son soutien monétaire à l’économie. Elle mettra fin à de nombreuses années d’achats d’actifs. La BCE a augmenté d’autre part les taux directeurs de 25 points de base et annonce une deuxième hausse en septembre. Suivant les explications de sa présidente Christine Lagarde, une série de hausses des taux suivra au cours des prochains mois en fonction des perspectives d’inflation à moyen terme. Rappelons que la dernière hausse du taux directeur pratiquée par la BCE remonte à mai 2011.

Après cette première hausse modeste, le taux directeur de refinancement dans la zone euro se chiffre à 0,25 %. Il faut s’attendre par ailleurs à l’installation d’une inflation durable.

La hausse des taux directeurs est le moyen traditionnel des banques centrales de combattre une inflation trop importante avec les instruments monétaires qui sont à leur disposition.

Les chiffres publiés en rapport avec l’inflation sont en effet inquiétants. Les prix pour les trois biens de base que sont l’énergie ainsi que la nourriture et les métaux battent des records. Les denrées alimentaires premières que sont le blé, le riz, le maïs et le soja atteignent des records. De surcroît, les réserves alimentaires disponibles au plan mondial diminuent, notamment pour le blé.

Les bourses réagissent par une vente d’actions par crainte qu’à défaut de crédits bon marché disponibles pour l’industrie à court terme, la conjoncture va faiblir.

Quelles sont les perspectives pour la zone euro ? Un faisceau d’indicateurs permet d’affirmer que l’on assiste à un ralentissement de l’économie en Europe. Le moral des entreprises s’établit à présent à un niveau bas.

La « stagflation » se profile à l’horizon : croissance faible allant de pair avec des prix élevés.

La Banque centrale européenne va devoir affronter un dilemme : combattre l’inflation et en même temps éviter de freiner la conjoncture.

Pas facile du tout !

Guy Goedert
Directeur

14/07/2022