You LC


La cyberdépendance

L’utilisation pathologique de l’ordinateur et de l’internet est une dépendance. Les personnes atteintes de cette cyberdépendance passent beaucoup de temps devant l’ordinateur. Tout le monde est touché par le phénomène, en particulier les jeunes issus du groupe dit des « Digital Natives », c’est-à-dire ceux nés à l’ère d’internet, qui ont grandi avec le média et pour qui l’ordinateur fait partie de la sphère ludique. Les deux principaux types de cyberdépendance sont liés aux réseaux sociaux et aux jeux de rôle.

En règle générale, la personne souffrant de cyberdépendance ne prend pas conscience d’elle-même qu’elle en souffre. Certains signes permettent d’identifier le mal :

  • Un temps excessivement long passé devant son écran (Les recherches parlent d’utilisation abusive à partir de 30 heures d’utilisation par semaine. Le temps passé pour le travail, l’école, les activités de bureau n’étant pas pris en compte).
  • Le retrait de la vie familiale et sociale.
  • L’abandon des activités physiques et des centres d’intérêt.
  • La dégradation des performances scolaires.

Chacune de ces caractéristiques ne constitue pas en soi une raison de s’alarmer. L’accumulation de plusieurs symptômes en lien avec une utilisation accrue de l’ordinateur ou d’internet peut toutefois indiquer une évolution malsaine et mérite en conséquence d’avantage d’attention.

Que faire?

La première et la plus importante mesure en cas de soupçon d’une utilisation dysfonctionnelle ou pathologique de l’ordinateur ou d’internet est d’en parler à la personne concernée. Cela s’applique aussi bien aux amis et connaissances qu’aux parents, aux enseignants et aux frères et sœurs.

L’arrêt du comportement problématique, au mieux une « suspension » de toutes les activités informatiques, est l’une des méthodes pour surmonter le dysfonctionnement. Il est évident que les connaissances en termes d’usage critique des médias, l’attitude critique envers la propre personnalité et aussi fréquemment les compétences sociales ne sont pas suffisamment approfondies. Pour permettre une évolution positive, une interruption de toute activité informatique et en ligne s’est avérée efficace en début de traitement. Cette interruption doit néanmoins être acceptée et donc convenue, faute de quoi les réactions de défense (craintes, dépressions, comportements agressifs) peuvent être très importantes. L’interruption est nécessaire pour supprimer l’attachement émotionnel à l’ordinateur et aide à découvrir et à développer d’autres moyens permettant de surmonter les difficultés sous-jacentes à l’usage abusif. Si les personnes concernées souhaitent ou doivent mettre un terme à leur comportement problématique, la réussite des premières étapes passe généralement par une réduction des activités de jeu, de chat, ou de surf avec une prise en charge thérapeutique simultanée. Ainsi, il est possible d’établir une vision réaliste sur l’évolution de l’utilisation problématique, de reconnaître le caractère autodestructeur de ce comportement et de procéder à une réévaluation de soi-même. L’interprétation décrite peut être acceptée à partir de là.

Lors de ces entretiens, la place importante que l’utilisation pathologique de l’ordinateur ou d’internet a eue selon le cas apparaît souvent déjà clairement. En ce qui concerne l’utilisation ultérieure de l’ordinateur et d’internet, un système de signalisation relatif à l’auto-évaluation des risques a fait ses preuves. Une distinction est ainsi établie entre :

  • Vert : activités informatiques ou en ligne anodines qui peuvent à nouveau être effectués sans risque après l’interruption (il s’agit généralement d’activités en rapport avec l’école, le travail ou des procédures administratives,…)
  • Jaune : activités informatiques ou en ligne souhaitées ou semblant pratiques mais qui ne devraient toutefois être exécutées que dans le cadre d’une observation personnelle minutieuse (et éventuellement aussi compte tenue d’une observation par un tiers). A cet égard, il faut analyser si l’activité correspondante tend à dévier vers une utilisation plus longue ou fréquente, et s’il y a un schéma de comportement comparable du point de vue émotionnel que lors de l’utilisation pathologique. Dans ce contexte, la décision relative à l’admissibilité ou non d’une activité précise doit toujours être réévaluée.
  • Rouge : cette catégorie comprend toutes les activités informatiques ou en ligne spécifiquement problématiques pour la personne concernée. A savoir les jeux pour le joueur, les forums pour le chateur et ainsi de suite. Il s’impose de renoncer strictement à ces activités, puisque les comportements dysfonctionnels sont actualisés et que, en conséquence, le comportement pathologique reprend.

Pour prendre ces mesures, une aide professionnelle est souvent nécessaire pour les utilisateurs pathologiques de l’ordinateur ou d’internet. Cette assistance est disponible dans les centres d’information correspondants et dans les hôpitaux qui sont spécialisées dans ce type de problèmes. L’association Anonym Glécksspiller asbl est un interlocuteur présent au Luxembourg. Elle a été fondée en juin avec pour objectif d’encourager toutes les mesures permettant d’empêcher l’addiction au jeu et l’aide aux personnes concernées et à leurs proches grâce à un suivi et un soutien individuels. L’association propose aux personnes dépendantes au jeu de participer à un groupe d’entraide et propose des réunions de consultation. Elle fournit en outre des informations, des explications, des méthodes de prévention et des conseils pour les personnes concernées et leurs familles.

Les chiffres

Les internautes adolescents au Luxembourg sont de plus en plus jeunes. Ils peuvent se prévaloir pour la plupart d’expériences positives en ce qui concerne leur utilisation d’internet, toutefois un sur dix d’entre eux risque une cyberaddiction.

Fin été/automne 2014, le Dr Andreas König et le Prof. Dr Georges Steffgen de l’Université du Luxembourg ont réalisé, à la demande de BEE SECURE une étude portant sur 265 enfants et adolescents entre 10 et 21 ans. L’étude s’est concentrée sur le comportement d’utilisation des adolescents luxembourgeois en matière d’internet et des nouveaux médias.

Elle a révélé notamment que la majorité de participants font des expériences positives avec internet et s’en servent à des fins productives telles des recherches et des devoirs à domicile pour s’informer de l’actualité. Autre aspect primordial pour les jeunes : rester en contact avec les amis et la famille via des applications web.

Au niveau des appareils utilisés, ce sont les dispositifs mobiles, et en particulier les smartphones (téléphones intelligents) qui ne cessent de gagner en importance. 71,3 % des adolescents ont recours à leur téléphone mobile quotidiennement ou presque pour se connecter à Internet, ce qui fait du smartphone l’appareil le plus important à leurs yeux, 46,6 % des personnes interrogées utilisent quotidiennement leur propre ordinateur (fixe ou portable), alors que seuls 17,3 % de l’échantillon se partagent un ordinateur avec d’autres membres de la famille.

Il s’ensuit que les jeunes surfent donc dans la plupart des cas de manière autonome et sans restrictions sur internet. Plus de la moitié indiquent avoir de meilleures connaissances en matière d’internet que leurs parents.

Ce sont les réseaux sociaux qui ont conquis une place centrale au sein des différents usages d’internet. A partir de 14 ans, ces réseaux, dont le leader incontesté est Facebook, occupent la première place parmi les activités récurrentes en ligne, avec 80 % d’utilisateurs réguliers.

A cet égard, il convient de signaler que même parmi les moins de 13 ans, le pourcentage des adhésions à Facebook est étonnement élevé alors qu’une telle adhésion est contraire aux conditions d’utilisation (40,5 %). L’étude réalisée est la première à révéler que les jeunes Luxembourgeois font de plus en plus tôt leurs premiers pas dans le web.

Avec 8,2 ans, l’âge moyen pour le premier contact s’avère bien plus précoce pour les enfants actuellement âgées de 10 ou 11 ans que pour la catégorie d’âge actuelles des 18 à 21 ans (10,5 ans). A compter de l’âge de 14 ans, plus de 80 % des jeunes se connectent au moins cinq à six jours par semaine.

Dans le cadre de la campagne « BEE balanced », l’Université du Luxembourg a également étudié les possibilités d’une dépendance à internet. L’étude a révélé qu’un dixième des personnes interrogées fait preuve d’un mode de comportement et d’expérience pouvant être qualifié de dysfonctionnel. La composante ludique, axée avant tout sur le plaisir, fait fréquemment place à une sorte d’obsession et finit par prendre le dessus sur tous les autres loisirs.

En présence d’une utilisation dysfonctionnelle, la personne concernée persiste dans son comportement, ce malgré les effets préjudiciables. Les garçons touchés passent énormément de temps à jouer des jeux en ligne tandis que les filles concernées sont plutôt « accros » aux « social communities ». C’est surtout du fait du recours intensif aux appareils mobiles que la joignabilité permanente engendre des comportements répétitifs : jeter un bref coup d’œil, vérifier les nouveaux messages et les commenter… Dans ce contexte, vraiment « déconnecter » s’avère difficile !

En conclusion, il est intéressant de relever comment les jeunes auto-évaluent leur comportement : 31,8 % des adolescents faisant preuve d’une utilisation raisonnable et normale d’internet (c'est-à-dire pas de symptômes de dépendance) ont indiqué vouloir réduire le temps passé sur internet et avoir déjà entrepris des tentatives en ce sens.

Sources: Bee Secure,
www.luxembourg.public.lu

Adresses utiles:
- Bee Secure Helpline Tél: 26 64 05 44
- www.ausgepillt.lu Tél: 26 48 00 38

16/03/2016