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Je lance une bouteille à la mer

Le secteur de la construction va mal : les ventes d’appartements et maisons à construire sont en baisse. La raison principale ? La hausse des taux d’intérêts des crédits immobiliers. Les banques octroient de plus en plus difficilement des crédits, estimant que les candidats emprunteurs n’ont pas les revenus suffisants pour les rembourser. Certains potentiels acheteurs renoncent même à effectuer la moindre démarche auprès des banques et des promoteurs, préférant attendre une hypothétique baisse des taux à court ou moyen terme.

Et pour ceux qui ont osé se lancer dans ce contexte difficile, la soupe est parfois bien amère : Certains se voient réclamer des dommages et intérêts pour résiliation unilatérale du contrat, résiliation qu’ils n’ont pas choisie mais qui s’impose à eux, à la suite d’un retrait inattendu par leur banque du crédit initialement accordé ! D’autres se voient réclamer des indexations de prix impossibles à assumer, ou constatent des réductions de qualité des matériaux par rapport à leur cahier des charges. De trop nombreux consommateurs se plaignent de manque de respect : non-respect des contrats, sans discussion, sans proposition alternative, sans adaptation des prix à due concurrence, rendez-vous sur chantier non respecté, … avec en prime parfois un manque total de courtoisie, voire de l’agressivité : ton rude et menaçant, téléphone raccroché au nez, refus total de contact, etc. Résultat : les consommateurs ont de moins en moins confiance dans le secteur de la construction.

Bien sûr, il existe de nombreuses petites, moyennes, ou grandes entreprises de promotion immobilière et de construction, dont nous n’entendons jamais ou très rarement parler à l’ULC, ce qui démontre que beaucoup de professionnels du secteur traitent correctement leurs clients et dialoguent avec eux dans un esprit de respect mutuel. Il faut aussi le souligner. Ces entreprises ne doivent pas se sentir visées.

Mais il reste toutes les autres, dont les noms reviennent trop souvent dans nos dossiers. A celles-là je voudrais demander : Qu’allez-vous faire quand plus aucun de vos clients ne vous fera confiance ? Quand les amis et connaissances de ces mêmes clients se détourneront volontairement de vos projets immobiliers ? En ces temps difficiles, les entrepreneurs ne doivent pas considérer leurs clients comme des ennemis ni comme des vaches à lait : sans vos clients, votre activité n’a plus aucune raison d’être ! Vos clients ne sont pas là uniquement pour payer le montant X figurant au contrat, coûte que coûte, quelle que soit la qualité des services peu ou pas prestés ! Des solutions respectueuses des droits et intérêts de chacun doivent être recherchées.

Par ailleurs, des projets compatibles avec les budgets moyens des jeunes travailleurs devront voir le jour, avec des conditions contractuelles leur assurant une sécurité juridique et financière. Un climat de dialogue et de respect mutuel doit être rétabli. Ceci afin de ne pas réduire à néant le peu de confiance qui reste ! Les promoteurs et les constructeurs doivent être perçus comme des partenaires de projet par les futurs acquéreurs et non comme des prédateurs prêts à les déplumer !

En octobre 2022, l’ULC ensemble avec le ministère de la Protection des consommateurs et le Centre Européen des consommateurs ont adressé une lettre collective à la Fédération des Entreprises de Construction et de Génie Civil et au Groupement des Entrepreneurs du Bâtiment et des Travaux publics a.s.b.l. , demandant un dialogue pour trouver des solutions à ce qui était alors le plus préoccupant : les augmentations de prix dans les contrats en cours. Nous n’avons jamais reçu de réponse.

Pourtant un dialogue sérieux et constructif est plus que nécessaire !

Alors cet édito, publié dans notre magazine destiné principalement aux consommateurs… c’est juste une bouteille à la mer !

Aline Rosenbaum
Directrice

06/11/2023