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Préface : L’inflation, un poison insidieux susceptible d’anéantir le pouvoir d’achat ! (04/11)

Mi-mars 2011, la moyenne annuelle de l’inflation au Luxembourg était de 3,7%, une valeur record qui n’avait plus été atteinte depuis mai 2008. La forte augmentation des prix des produits pétroliers et l’inflation d’origine interne sont les causes essentielles de cette évolution. Il y a deux ans, le prix d’un baril de pétrole était de 40 dollars, aujourd’hui il s’élève à 110 dollars. Le prix a donc quasiment triplé! Et tout un chacun comprendra certainement que les augmentations de prix considérables enregistrées pour les produits pétroliers se répercuteront sur le pouvoir d’achat des consommateurs.

En plus il y a eu des augmentations notables des prix de l’énergie, de l’eau, de l’électricité ainsi que des taxes communales, de différents services administratifs et une participation plus élevée aux frais de santé. Mais aux dires du chef de la banque centrale, l’inflation galopante serait due au système inapproprié de l’index automatique (dixit Mersch). Serait-ce aussi simple que ça ?

Le président de la banque centrale recommande la suppression de l’indexation automatique des rémunérations, salaires et rentes. Le portefeuille du consommateur continue d’être mis à rude épreuve, comme ce fut déjà le cas avec les mesures anti-crise de ces derniers mois. Mais le président semble parfaitement ignorer le fait que ceux qui ont causé cette situation devront également apporter leur contribution.

La préservation du pouvoir d’achat est un souci principal de l’ULC: elle n’est non seulement essentielle pour les consommateurs, mais le commerce et l’artisanat en profitent également et elle a des répercussions positives sur la demande intérieure.

Il s’agit de trouver des réponses concrètes à une question délicate: comment peut-on juguler l’inflation excessive ? Les syndicats et la Chambre des Salariés ont réfuté à plusieurs reprises la fable qui veut faire croire que l’inflation est due à l’indexation automatique des salaires. Seul Monsieur Mersch ne veut pas le reconnaître.

En automne dernier, le gouvernement et les syndicats avaient décidé – dans le cadre de l’accord bipartite - de créer un soi-disant observatoire de la formation des prix et des marges bénéficiaires. Bien du temps s’est écoulé depuis lors, et on n’a abouti à rien de concret. Une première table ronde a été organisée début mars, mais elle n’a apporté aucun résultat tangible, exception faite de la constatation suivante: en raison des directives européennes, la marge de manoeuvre disponible est limitée. Les patrons s’opposent d’ailleurs à l’introduction d’un tel observatoire assurant le contrôle des prix et des marges bénéficiaires. Mais les seules analyses et études ne suffisent pas pour vaincre l’inflation.

A propos de formation des prix : au niveau mondial, le Luxembourg figure à la troisième pour les tarifs des taxis les plus chers (voir le communiqué de presse y relatif de l’ULC). Ce qui est loin de plaire aux consommateurs. Cela fait des années que l’on attend en vain une initiative ou une solution du problème de la part du gouvernement.

Quant aux marges bénéficiaires – l’un des secrets les mieux gardés – personne n’ose s’attaquer à ce sujet brûlant. Et l’on recourt à l’argumentation de l’économie libérale qui dit: si c’était trop cher, le consommateur n’achèterait pas le produit ou alors il ferait ses achats dans la grande région. Les patrons considèrent donc que les contrôles supplémentaires sont superflus et les abus quasiment exclus.

La marge de manoeuvre est certes réduite quant aux prix des produits pétroliers, mais l’inflation d’origine interne doit néanmoins être empêchée ou combattue. Les moyens appropriés doivent être mis à disposition par le gouvernement, afin de permettre à l’observatoire pour le contrôle des prix et des marges bénéficiaires de fonctionner de façon optimale.

L’ULC est prête à y coopérer, car notre pays a vraiment besoin d’une véritable politique anti-inflation et l’observatoire ne doit pas seulement servir d’alibi. Car c’est la préservation du pouvoir d’achat qui doit être le but de tous les efforts. La spirale des prix doit être maîtrisée, les tarifs des services publics ne devront plus être générateurs d’inflation et il faudra s’attaquer au sujet tabou des marges bénéficiaires, en dépit de l’opposition des patrons.

Nico Hoffmann
Président de l’ULC

11/04/2011