Contre-productif, injuste et antisocial !


Dans le cadre de la conférence de presse qui s’est déroulée récemment, l’ULC a souligné une nouvelle fois qu’elle n’est pas d’accord avec l’augmentation de 2% prévue pour la TVA. L’ULC voit cette augmentation d’un mauvais oeil, car elle est tout simplement contre-productive, injuste et antisociale. De tout temps l’une des tâches essentielles de l’ULC consistait à s’engager en faveur de la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs. Quant à l’entrée en vigueur de l’augmentation de la TVA, le plus tard sera le mieux. C’est ce que le gouvernement semble avoir compris, car l’augmentation de la TVA ne se fera que le 1er janvier de l’année prochaine. Mais nous ne voulons pas nous prononcer sur les longues tergiversations quant à la date.

La majoration des prix des produits et services se répercutera essentiellement sur le pouvoir d’achat des petits et moyens salaires, des familles avec enfants et des retraités. Il est clairement ressorti d’une  étude commandée par la Chambre des Salariés que cette seule augmentation coûtera aux consommateurs 0,6 à 0,9 % de leur revenu. En plus, le pouvoir d’achat des consommateurs a sensiblement baissé au cours des dernières années, que ce soit suite à des augmentations d’impôts et de taxes ou à des pertes de revenu.

Dans ce cas-ci on recourt une fois de plus à la méthode la plus simple et Monsieur Tout-le-monde est prié de passer à la caisse afin de renflouer les caisses de l’État. L’ULC regrette dans ce contexte qu’aucune autre piste n’ait été étudiée. Où reste la contribution solidaire du secteur financier et industriel qui nous a mis dans le pétrin avec la crise économique et financière et toutes ses répercussions? Mais on fait comme si tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes et l’on continue comme avant et d’après la devise: les pertes sont socialisées et les bénéfices sont privatisés. C’est aussi simple que ça!

L’une des plus grandes forces de notre pays, c’était de disposer d’une large classe moyenne. Même si l’on peut discuter sur le point précis où elle commence et s’arrête. De toute façon, c’est une question d’appréciation! La classe moyenne du Luxembourg s’effrite et l’écart entre riches et pauvres risque de devenir de plus en plus grand. Les suites seraient catastrophiques pour un petit pays tel le nôtre, si la paix et la cohésion sociales étaient menacées. Dans ce contexte il faut également aborder la question des prix incroyablement élevés qui sont demandés pour les logements, les loyers et les terrains à bâtir.

Alors que le gouvernement déclare d’une part qu’une augmentation de la TVA est inévitable, le consommateur se trouve en même temps exposé à un autre danger. Car il risque de devoir repasser à la caisse, étant donné que certaines forces exigent la neutralisation de l’augmentation de la TVA dans le panier de l’indice des prix à la consommation – et il semble que le gouvernement aille également dans cette direction-là! Cela signifie concrètement que face à une inflation peu élevée, la tranche indiciaire prévue pour le 1er octobre 2014 ne serait pas due à ce moment-là, mais l’année prochaine seulement, et cela en dépit de prix plus élevés. La définition de la compensation de l’inflation serait donc poussée jusqu’à l’absurde. 

L’ULC met en garde contre une politique des coupes rases telle qu’elle est prévue par le gouvernement. Pour 2015, aucune mesure d’accompagnement sociale susceptible d’amortir l’augmentation de la TVA n’est prévue pour les plus vulnérables. Nous pouvons comprendre que le déficit du budget de l’Etat doit être endigué, mais il ne faut pas imposer d’une part une politique de rigueur, c’est-à-dire des coupes rigoureuses du budget, et d’autre part une augmentation continue des taxes et impôts. Cela aboutira forcément dans une impasse et ne contribue d’ailleurs pas à une baisse du déficit de l’Etat. Nous devons formellement mettre en garde contre une telle politique d’austérité, qui sera essentiellement au détriment des salaires bas et moyens, des familles avec enfants et des retraités.

L’ULC exige par conséquent que les augmentations prévues ne se fassent qu’avec les mesures d’accompagnement ou transferts sociaux absolument indispensables. Cela implique une réforme fiscale globale et socialement équitable, qui vient à la rencontre des petits salaires tout en tenant compte des classes moyennes. Et depuis cinq ans, il n’y a pas eu d’adaptation du barème d’imposition à l’inflation.

Nico Hoffmann
Président de l’ULC